Nous avons décidé cette année de regrouper l’ensemble des plats cuisinés pour faciliter le travail de recherche des consommateurs. On regroupe sous ce terme l’ensemble des aliments prêts à l’emploi, pouvant servir de plats soit au titre du hors-d’oeuvre soit au titre de plat principal. Nous en avons répertorié plus de 950. On peut les retrouver sous différentes formes : surgelés, en emballage sous vide, en conserve, qu’elle soit métallique ou en verre. On y retrouvera des produits extrêmement différents qui peuvent aller de la quiche, en passant par les gratins de pommes de terre, les filets de poisson en papillote ou surgelés, ou bien des préparations de pâtes en emballage sous vide. Symbole de l’abondance occidentale, ils sont une large source de discussions plus souvent négatives à leur égard que positives.
Et pourtant souvenons-nous avec quelle délectation la génération des gens de cinquante ou soixante ans aujourd’hui découvrit cette nouvelle forme de consommation. Mais remarquons également quelle fut son extrême banalisation avant qu’elle ne suscite le débat actuel. Car, dans la plupart des discours nutritionnels publics, l’unanimité contre les produits manufacturés est souvent obtenue. Le public, les cuisiniers, les nutritionnistes s’accordent tous pour dire que la diminution de l’élaboration de la cuisine maison est responsable d’une mauvaise alimentation et de toutes ses conséquences… Mais il n’y a aucun effet produit par ce discours. De même lorsque vous questionnez quelqu’un sur le modèle alimentaire idéal, la réponse est souvent celle d’une leçon parfaitement apprise. Mais si vous lui demandez ce qu’il mange le soir, le repas est loin d’y ressembler. Parce qu’il existe un paradoxe entre les connaissances, les propositions alimentaires et les éléments de la vie sociale. Curieusement un grand nombre de nutritionnistes continuent à délivrer un message hygiéniste, sur le modèle d’une consommation alimentaire qui n’existe en fait quasiment plus. Bien sûr, toutes les mamans savent qu’il est préférable de faire une purée maison avec des petits légumes frais coupés en minuscules dés. Mais pourquoi les culpabiliser quand on sait que le temps de préparation du repas est tellement raccourci, en raison des contraintes sociales ?
Pendant longtemps seules la qualité et l’originalité ont été les facteurs discriminatoires pour les achats de plats cuisinés. Désormais la composition et la praticité du plat font partie des critères de choix du consommateur qui tourne et retourne la boîte dans tous les sens afin de vérifier l’ensemble des composants du produit vers lequel ses goûts l’ont porté. Le prix compte aussi ! Nous avons pris l’habitude de comparer les tarifs entre les différents plats cuisinés, tandis que les cuisiniers tentent de nous alerter sur le fait qu’il semblerait que la cuisine maison soit beaucoup moins chère que les plats prêts à l’emploi. Il est vrai que pour des produits de base très simple comme des salades assaisonnées, le prix entre la matière première et le produit fini peut varier dans un coefficient de 1 à 10. Mais comment préparer une paella pour une seule personne, une pizza individuelle, un gratin pour toute la famille en moins d’un quart d’heure, comment apprendre à la minute la recette de la moussaka ?
Il n’est pas impossible que nous achetions bientôt le feuilleté aux fruits de mer de la marque X ou Y pour la une bonne teneur en iode qu’il apporte à notre organisme. C’est ce que promet à l’industrie l’arrivée de l’alimentation santé.
Les processus qui conduisent à la fabrication de ce type de produits sont extrêmement compliqués. Depuis l’ingrédient de base il peut se succéder une douzaine d’opérations avant d’aboutir au produit fini. Si le souci principal du fabricant demeure la restitution du goût de la recette originale, depuis peu la composition nutritionnelle du produit compte aussi. Autant de contraintes qui favorisent plus la chimie que la cuisine.
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